La maison se situe Via del Vésuvio, dans la zone V du site archéologique de Pompéi. Elle a été découverte de manière inattendue. La fouille a permis de mettre au jour le plafond effondré et son décor qui ornait la chambre à coucher (cubiculum).
Une grande partie de la fresque a été prélevée par les archéologues. Ils ont rassemblé les fragments comme un jeu de puzzle. Un essai de restitution a été réalisé que nous vous proposons de découvrir.
Amusez-vous comme un archéologue à recomposer des parties de la fresque. Découvrez les représentations de ce plafond somptueux.
La restitution a été réalisée à partir des fragments retrouvés et pour les parties manquantes sur la base de motifs connus en mosaïque.
La peinture est datée entre 62 et 79 après J.-C. Elle s’inscrit dans le 4e style pompéien, dit aussi « ornemental ». Il se compose généralement d’un tableau central avec une scène mythologique entouré de représentations secondaires, de motifs fantaisistes floraux, animaliers et de créatures imaginaires. L’ensemble, organisé de façon symétrique, témoigne d’un décor très raffiné.
Il caractérise généralement les maisons de riches propriétaires et nous rappelle le décor de la Maison dorée (Domus Aurea), demeure impériale romaine de Néron qui règna de 54 à 68.
Imaginez-vous allongé, le soir, regardant le plafond où toutes ces créatures vibrent à la lumière des candélabres.
Sur un fond blanc, inscrite dans une guirlande de feuilles de buis accrochée à une bordure ajourée circulaire, siège, triomphante, une néréide, belle nymphe marine, une des 50 filles de Nérée et de Doris.
Elle est entourée de deux cupidons aux ailes bleues tenant une draperie protectrice gonflée par le vent. Deux tritons à double queue de poisson l’escortent.
Tout autour, un riche décor végétal de fins rinceaux fleuris est peuplé de capridés, de génies ailés (esprits protecteurs), de satyres, et au delà du cadre, de passereaux et de masques qui rappellent l’univers dionysiaque du théâtre.
Cet univers devait certainement avoir un effet des plus étonnant et permettait de s’échapper du monde réel vers un univers fantastique à la fois marin et terrestre.
Au centre d’un cadre rouge, le peintre a représenté un ours entre deux autels, l’un surmonté d’un arbre, probablement un autel sacrificiel, l’autre retient une sorte de figure difficile à identifier.
L’ours est un animal sauvage que les romains utilisaient dans les arènes. Il symbolise aussi, dans la mythologie greco-romaine, Callisto ou Arcas. L’histoire raconte que la nymphe Callisto, compagne de Diane, d’une grande beauté, fut remarquée par Jupiter qui s’unit à elle à son insu. Elle mit au monde, en cachette, un fils, Arcas. Diane découvrit la faute et chassa Callisto. Junon, épouse de Jupiter, furieuse, la transforma en ourse.
Plus tard, dans la forêt, alors que son fils chassait et s’apprêtait à la tuer, Zeus intervint et transforma Arcas en ours. Pour les protéger, il les envoya tous deux dans le ciel où ils forment les constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse.
Cet animal ressemble à un grand félin (un lion ou une lionne), animal exotique et sauvage. Comme l’ours, il est entouré d’un cadre rouge. Il marche tranquillement dans un paysage composé d’un seul arbre et d’un sol.
Les romains chassaient ce fauve et l’utilisaient dans les arènes lors de spectacles de combats. Ils le confrontaient à l’homme ou à d’autres animaux comme l’ours.
Il était aussi montré lors des triomphes. Il symbolisait alors la force et la puissance.
Autour de la scènette, on retrouve le décor de rinceaux et d’oiseaux, évocation du jardin, et des motifs reconnaissables comme le cheval ailé (Pégase), l’aigle, les satyres, les génies. Un personnage masculin, portant une sorte de peau se tient debout, comme un « maître des animaux ». Il est accompagné de deux prêtresses vêtues de drapés bleus et portant quelques offrandes.